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Jacques Troalen…
Un art pur, une alchimie discrète
S'il y a une chose de certaine, c'est qu'à moins de voir notre monde se transformer en une vaste entité purement virtuelle, il existera toujours des artisans de la matière brute. Parmi eux et comme pour tout, on trouve différents niveaux de profondeur… et donc différents niveaux d'excellence. Il n'y a rien de plus agréable que de regarder un artisan travailler, mais quel bonheur, lorsque ce plaisir se transforme en passion profane, lorsque l'amour du travail bien fait, la réflexion intelligente, impérieuse, autour de la forme et de cette manière ainsi domestiquée, la fascination pour le beau, tout du moins l'esthétisme juste, se combinent et engendrent un véritable chef-d'œuvre aussi petit soit-il par sa taille.
Jacques Troalen est un artisan de cette trempe, un homme discret mais un joaillier-orfèvre hors pair. Derrière son regard un tantinet ironique, se cache un esprit vaillant de brillant créatif, humble par la pratique et le respect qu'il voue aux matériaux qu'il exploite, subtil aussi bien dans la vie que dans la qualité du fini qu'il nous offre. Il intègre à 16ans un atelier de joaillerie, celui de Georges Schwartz. C'est dans cet atelier, qu'il rencontre son mentor, l'arménien Ara Boyadjian. Il reste trois ans et demi. Puis il obtient une bourse du Conseil de Arts du Canada et part travailler en Europe sous forme de brefs séjours, enSuisse, en Suède et au Royaume-Uni. C'est au début des années 1970 qu'il se met ensuite à son propre compte. Installé maintenant depuis huit années au Belgo, un des hauts lieux de l'art contemporain à Montréal, il reçoit ses clients dans son atelier où ils lui passent de nombreuses commandes.
Pour Jacques, le bijou est une sculpture en soi qui nécessite malgré tout, une constante éducation du regard, le sien comme celui du client. En effet, rien ne semble jamais acquis pour lui, hormis sans nul doute une satisfaction réelle et partagée, car ses bijoux, il semble les voir… anamorphiques. Il part tout d'abord d'un dessin de base, qui évolue de concert avec la matrice, ce qui lui donne toute latitude afin de laisser germer de nouvelles idées et ce, même en cours de réalisation. Il aime par-dessus tout travailler l'or, l'argent et le platine qu'il considère très malléable, ainsi que certains bois précieux. Son inspiration, il la trouve comme beaucoup d'artistes, partout autour de lui. Chacune de ses créations est unique. Les formes sont épurées, parfaites, tous les matériaux utilisés nobles. Le maître mot qui me vient à l'esprit lorsque je regarde ses créations, c'est « épanouissement « , l'épanouissement d'une symétrie particulièrement élégante et osons le dire intemporelle. Ces bijoux frappent par leur simplicité mais aussi par leur audace. C'est beau et discipliné ! Vatel ne disait-il pas que toute beauté procédait de ces deux éléments, contraste et harmonie ?! Rien n'est plus vrai pour les œuvres de Jacques Troalen.
Art and Earth Magazine 2007 |
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